1. |
L’Enfer d'en haut
08:50
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Un lourd soleil s’est brisé sur la Terre
Un tyran l’a poussé pour entendre les cris
Alors que ses shrapnels labourent les villes
Et que son feu fauche les peuples
Les nuages crevés par la guerre n’ont pas déversé le Paradis
Mais un enfer brûlant, suintant des longues plaies des cieux
Une dernière pluie pour effacer les hommes et leurs vies
Une dernière crue pour assécher la civilisation
Peut-être l’avons-nous méritée, cette punition venue d’en haut,
Cette moisson aveugle qui jette le bon et le mauvais dans le même charnier
Dans ces cratères seulement troublés par les avalanches de cadavres
Dans ces chaudrons calcinés d’où j’ai rampé, m’accrochant aux crânes
Pour mes frères, je ne dresse pas de croix
J’ai vu leurs chairs sans m’en être ému
Comme s’il n’y avait plus de blasphème possible
Dans un monde aussi mort
Qui sait ce qu’il reste au-delà des ruines
Des nécropoles ouvertes où seule la poussière
Recouvre les corps sans cercueils
Où seul le vent leur chante un requiem
Les seules lueurs viennent d’incendies
Dont la chaleur n’apporte aucun répit
Aux survivants bien trop sidérés
Pour comprendre que le monde est déjà fini
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2. |
L’ultime voyage
10:02
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Les cieux, bouchés par le poison, ont troqué les flammes pour la glace
Le froid achève les grands brûlés et fige le monde dans sa fin
Rien ne repoussera sur cette planète stérile, ni herbe ni civilisation
Dans les cendres et le moisi, mes pas tracent un ultime voyage
Non pas vers un refuge ou un espoir, mais juste pour avancer
La mort est partout, impossible de la semer
J’aperçois parfois d’autres survivants, qui toujours me fuient
Comme s’il leur restait quelque chose à protéger, ou à chérir
Pourtant ma lame, aux traits précis, dessine une fin et un répit
Je reste seul et vide comme ce monde, où les autres ne sont qu’un poids
Je me libère de tout, tranche dans le dos les dernières attaches humaines
Je ne cherche pas à survivre ni à perdurer, mais à être le dernier
Devenir un nouveau dieu, non pas par la puissance mais par le vide
Sans culte ni prêtres, juste des brebis égarées, terrifiées
Pour bêler à mon passage, la gorge soudainement tranchée
Leurs prières se noient en gargouillis et en bulles de sang
Alors que mes ouailles avalent toujours de travers
Mon hostie en acier
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3. |
Comment oublier…
06:40
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4. |
La bête
08:56
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Rien devant, ni derrière, seules les ruines troublent l’horizon
Leurs histoires ont été perdues, oubliées en quelques jours
Leurs souvenirs effacés quand le feu a ébouillanté les cervelles
Ne laissant que des photos brûlées entre les doigts des cadavres
Je fouille quand même, en quête de quelques noms ou visages
Tout se ressemble une fois que la mort est passée
Et moi, qui suis-je ? Les bandages mangent mon visage
Et aucun survivant ne connaît mon nom
Je ferme les yeux pour moi-même l’oublier, mais il revient
Avec à ses côtés un cortège de souvenirs impossibles à coller
Sur ce monde détruit et ses paysages ravagés
Je veux perdre la mémoire avant que ne vienne le tour de ma vie
« Celui qui se transforme en bête se délivre de la souffrance d’être un Homme. »
Ces souvenirs que seules la balle ou la corde effacent
Résistent mieux que l’humanité et ses peuples
Ma mémoire s’accroche malgré l’évidence
De n’être qu’un fardeau dans l’infini des cendres
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5. |
Délivrance
14:48
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Malgré les vitraux soufflés et le clocher arraché,
Je reconnais la demeure du mensonge,
La niche souillée d’un mirage sans visage
Devant elle, tant de corps s’étendent
Que leurs cercueils empilés n’y tiendraient pas
Aucun prêtre ne reste pour les bénir
Pourtant quelque chose m’attire dans cette carcasse de pierre
Aux murs si fondus que même les fables y ont péri
À travers la porte béante, je vois percer l’éclat de folie
Je pousse les bancs calcinés, encombrés de livres aux pages noires
J’enjambe les corps de ceux qui s’étaient crus à l’abri de la fin
Des dévots morts comme ils ont vécu, à genoux et les mains liées
Et moi qui n’ai plus rien à perdre ou à gagner, je me dresse devant le totem
Cette croix aux bras arrachés, sur laquelle ne reste que le torse mutilé
D’un charpentier qui, n’ayant plus personne à sauver, a raté l’apocalypse
Peut-être que la bombe, en traversant les nuages,
L’a attrapé et emporté dans sa chute
Le brisant contre le sol brûlant
Alors, que reste-t-il à profaner, sinon moi-même ?
J’avance mon corps meurtri vers l’autel
Et saisis la couronne du Christ démembré
Je la tords de mes dernières forces, faisant saillir l’acier
Et d’un geste précis, sur mes veines fatiguées
Creuse le sillon de la liberté
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